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Le jour d'après...

Le jour d'après...

Posté le dimanche 10 mai 2020 à 13:39:14

Alors que la crise sanitaire sans précédent que vient de vivre le monde, ainsi que la France, bat encore son plein, de grands esprits commencent à montrer au bon peuple que le COVID-19 est une chance unique pour faire table rase du passé et repartir de zéro ! Ce que j'appelle le syndrome du Nouvel An... Lundi 1er janvier à 8h, c'est terminé, je change tout, pour le meilleur bien sûr. Combien de temps durent ces bonnes résolutions un tant soit peu infantiles, scolaires pourrait-on dire ? quinze jours, trois semaines, mais pas beaucoup plus en général. Et c'est bien normal, car elles ne correspondent presque jamais à quelque chose de tenable, en rapport simplement avec la vie réelle. Depuis quelques semaines, copains, amis plus ou moins proches, collègues de travail et j'en passe m'envoient textes sur textes pour avoir mon avis sur leurs cogitations, toutes plus enrobées les unes que les autres dans un charabia écolo-économico-anti-néo-libéral assez navrant pour tout dire. Déjà qu'il faut se taper la résurgence des collapsologues de tous poils, les vieux fantômes de l'écologie à la grand papa, genre Nico, on se sent alors cerné par tant de béatitudes, tant de moraline à bas coût versée par tonneaux entiers pour trouver la voie de la sérénité, de l'harmonie universelle et j'en passe... Ce qui est le plus extraordinaire dans tout cela est qu'on a vraiment l'impression qu'ils se sont tous pompés dessus, tant la réthorique sentant la naphtaline qu'ils délivrent est semblable. Mais qu'ont-ils donc tous ? Est-ce un effet caché du COVID-19 qui les ferait vieillir en accéléré ? C'est bien connu, à 20 ans, la vie est animée par le sexe, à 35-40 ans par le pouvoir, à 50-60 ans par l'argent, et au-delà, par le... message ! Eh les p'tits gars, regardez-moi, et écoutez ma sagesse soudaine, faites ce que je dis et que je n'ai jamais vraiment fait !!! Le charme discret de l'enfer de Dante, oui, décidément, le COVID-19 fait vieillir prématurément. Alors, je me contorsionne, et je ponds des réponses ampoulées pour dire que cette sagesse ainsi révélée par le truchement d'une molécule de quelques nanomètres est oh combien louable, admirable même. Je ne voudrais pas me fâcher avec des personnes que j'aime malgré tout, ni passer pour un horrible libéral-égoiste-néo-capitaliste-antiécologiste-pro-nucléaire, ce qui me vaudrait une sanction irrévocable (aïe Koh-Lanta) comme du temps de la Sainte Inquisition. Bref, je suis obligé de cacher mes convictions sous peine de passer pour un frustre inculte et barbare, alors que d'autres, sans état d'âme, étalent les leurs, imposant avec les meilleurs sentiments du monde des truismes à grandes pelletées. Comme c'est émouvant ce sentiment scolaire que vivre un moment historique va changer la nature des Hommes. La farce est bonne, mais comme pour tout, la répétition nuit à la qualité, et ces chants qui sonnent un peu faux n'en deviennent que plus agaçants. En bon observateur des réseaux sociaux remplis de religieux de tous bords, énervés, aveuglés, comme les nouveaux adeptes de la chloroquine, on constate avec délectation les grands mouvements collectifs animés par des petits intérêts égoïstes, comme ces 'pôvres' montagnards privés d'une petite rando pour préserver ce qui reste du système de santé français plongé dans un naufrage depuis longtemps, par l'incurie de nos gouvernants. Tant pis si le personnel hospitalier se démène comme il peut pour sauver des vies dans un contexte délétère, ma petite rando doit passer avant tout... Terrible, insupportable cette punition sociale aux relents Orwelliens, pilotée par des crypto-capitalistes-financiers voulant mettre le monde entier sous leur coupe. Et le plus cocasse, c'est que justement, ce sont les mêmes qui se targuent, la main sur le coeur, de défendre le pauvre, le faible et le 'vivrensemble', concept sirupeux bien franchouillard qui ne veut strictement rien dire. Evidemment soulever une telle contradiction est une horreur, un crime même ! Etre solidaire, mais sous une forme moins condescendante est inconcevable ! Goulag ! Certains ont même été étonnés par ma cécité sur ce monde dont ils ont bien évidemment, eux, toutes les clés pour le décrypter. Alors que faire face à ce déferlement de bonnes volontés, de tout refaire dans ce monde pourri dans lequel nous avons barboté pendant des décennies, des siècles, que dis-je des millénaires !! J'avoue être perplexe, moi qui garde une bonne dose d'optimisme, même pour l'après-COVID-19 qui sera une belle expérience pour nos sociétés technologiques qui se croyaient invincibles. Ce petit virus aura révélé plein de choses intéressantes sur la nature humaine, ces faiblesses et ses grandeurs, sur l'incurie d'un état planificateur qui a toujours un temps (long) de retard, et ne défend pas ses citoyens comme cela devrait être le cas, sur la force des initiatives individuelles généreuses, sur la médiocrité du monde scientifique en complète collusion avec l'état pour cacher des vérités graves alors même qu'une catastrophe sanitaire se préparait dès février 2020. Scandale !! Mais tout le monde courbe l'échine... et on applaudit à 20h le personnel hospitalier sans voir qu'il y aurait de quoi se révolter... Dans une société qui se prosterne devant des apôtres médiatiques auto-révélés et autres faux prophètes clamant tout et le contraire de tout à moins d'un mois d'intervalle, où tous les symboles de la réussite sont perçus comme des choses suspectes, alors on est en droit de s'interroger sur le monde d'Après que certains voudraient nous faire gober. Pour moi, l'Après COVID n'existe pas. C'est le monde d'avant, car l'Homme n'a pas changé d'un coup de baguette magique, en à peine deux mois. Même avec des millions d'années, les habitudes restent et resteront identiques, les rêves aussi. On est 'câblé' ainsi. Je me remémore les petites inscriptions cunéiformes sur les tablettes du musée de Damas. Tout était déjà écrit voici plus de 2500 ans. Les aspirations, les peines, les révoltes... non rien n'a changé et rien ne changera car le monde d'aujourd'hui est dans la nature de l'Homme. On peut le rejeter, le contester, le nier, ou l'accepter, mais c'est un fait. C'est ontologique ! En fait, tous ces messages sont terriblement anxiogènes, inutilement anxiogènes, alors que les signaux positifs abondent. Et ce n'est pas de l'angélisme béat, mais des faits. Parlons du libéralisme, cette horrible 'chose' vilipendée par des personnes qui ne connaissent pas un traitre mot de ce que cela signifie, confits dans leurs certitudes apprises au journal de 20h, comme dans une messe pathétique. Le CAC40 revient en boucle, avec Trump comme épouvantail de service, pour qui d'ailleurs, je n'ai pas d'affection particulière, mais conscient qu'il s'agit d'un pur produit américain, donc difficile à apprécier depuis notre petit pays donneur de leçon (sans en avoir les moyens). Et cette ritournelle, alimentée par une litanie de banalités, est répétée sans fin comme si la réitération était un gage d'assurance. Dois-je rappeler que des centaines de millions de gens sont sortis de la misère grâce à l'économie de marché et aux règles libérales en moins de 25 ans ? Que les droits humains sont infiniment plus respectés dans les états libéraux, n'en déplaisent à tous ceux qui pensent le contraire. Que la liberté, la propriété et la responsabilité sont les fondements d'une société vouée à se développer avec le plus d'harmonie, alors que la contrainte, la coercition n'amènent que du malheur, même avec les intentions les plus louables. Il y a des pays d'Asie dont l'Europe, et la France en particulier, devrait s'inspirer. Car dans toute cette avalanche d'idées, toutes plus médiocres et éculées, il faut bien le dire et le redire, la liberté est hautement bafouée dès le départ ainsi que le respect de l'autre dans la différence. Voilà pourquoi je me méfie de ce jour d'Après et que celui-ci résonne dans ma tête comme le glas du bonheur ! Et puis, toutes ces contradictions sont lassantes. On fustige les réseaux sociaux tout en les utilisant massivement, on vomit sur les commerces de grande surface en étant les premiers à les utiliser, on rejette l'économie de marché, mais on est bien content que les coûts baissent et donnent du pouvoir d'achat grâce à la concurrence. Beurk, pouvoir d'achat... quelle expression sale... Pour faire à peine diversion, c'est la protection de l'environnement qui revient, avec le fameux réchauffement climatique, cause de toutes les exagérations. Le monde flambe, brûle, les verbes manquent pour décrire une apocalypse imminente. Evidemment le COVID-19 est la conséquence de la surconsommation, du réchauffement climatique, de la désertification, bref, nous sommes coupables de tout. Ah, les prophètes de mauvais augures s'en donnent à coeur joie, dans une logorrhée festive sur la fin du monde. D'anciens ministres obsolètes distillent leurs angoisses... joyeux tout cela ! Pas étonnant que la France soit championne du monde de la consommation des anxiolotiques. Le bonheur simple, manger local, ne plus se faire vacciner, ne plus bouger, ne plus rêver, c'est chouette tout ce beau programme. Cela donne envie... Evidemment, pendant que l'on explique comment broder des masques qui auraient du être accessibles dans les commerces, le bon peuple se fait avoir discrètement concernant la programmation des ressources énergétiques, à partir de critères délirants et complètement hors-sol. Mais de cela, qui en parle ? Car si demain une nouvelle pandémie arrive, et que les belles éoliennes sont à l'arrêt, qui va faire tourner les respirateurs ou bloc chirurgicaux ? Alors oui, les textes sur le monde d'Après montrent beaucoup de condescendance et d'ignorance. On répète ce que dit le voisin, on n'analyse rien, on ne va pas se renseigner sur les informations accessibles librement. On répète bêtement. On distribue de la moraline par bidons entiers, dans un déni de réalité confondant de tristesse. Tout n'est pas parfait, mais le sort des Hommes est bien meilleur que ceux de nos parents, grand-parents... Après des millions d'années à croire qu'un hypothétique Dieu allait nous sauver, après avoir sacrifié beaucoup de poulets ou de chats noirs pour rien (pauvres bêtes), l'humanité a enfin pris son destin en main pour le meilleur et non pour le pire. Alors les prophètes de l'apocalypse, les anti-libéraux de café du commerce, les experts qui déraillent ou font fi des réalités, toute cette petite piétaille doit être remise à se place. Elle doit lire, regarder, analyser avec humilité, accepter le droit à l'erreur, refuser les certitudes. C'est cela le progrès. Et je crois en lui, parce que je crois en l'Homme, et en son génie. ...

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