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Genèse et origines de la monnaie. Vers le bitcoin

Genèse et origines de la monnaie. Vers le bitcoin

Posté le dimanche 16 juin 2019 à 12:21:30

(Article publié dans le journal du coin: https://journalducoin.com/bitcoin/un-scenario-optimiste-pour-bitcoin/) Avec le prix d'un bitcoin s'envolant vers de nouveaux records en 2017, un scénario optimiste pour les investisseurs peut paraître tellement évident qu'il ne nécessite pas d'explications. Parallèlement, il peut paraître imprudent d'investir dans un crypto-actif qui n'est garanti par aucun produit ou gouvernement, et dont l'envolée du prix a conduit certains observateurs à le comparer à la Tulipomanie hollandaise ou la bulle Internet. Aucune hypothèse n'est vraie en soi ; le scénario optimiste pour Bitcoin est fascinant mais loin d'être évident. Il y a des risques significatifs lorsqu'on investit dans Bitcoin, mais, comme je vais le démontrer, cela n'en reste pas moins une immense opportunité. Genèse Jamais dans l'histoire du monde, il n'avait été possible de transférer de la valeur entre des personnes distantes sans devoir faire confiance à un intermédiaire, comme une banque ou un gouvernement. En 2008, Satochi Nakamoto, dont l'identité est toujours inconnue aujourd'hui, publiait une solution détaillée de 9 pages à un ancien problème de la science informatique connu sous le nom de Problème des Généraux Byzantins. La solution de Satochi Nakamoto et le système qu'il avait bâti pour y répondre ? Bitcoin???permettaient, pour la toute première fois, de transférer rapidement de la valeur, à travers de grandes distances, entre deux pairs, sans avoir à faire confiance à un tiers. Les ramifications de la création de Bitcoin sont si profondes, tant pour l'économie que la science informatique, que Nakamoto devrait probablement être la première personne à être éligible à la fois à un Prix Nobel en Economie et au Prix Turing. Pour un investisseur, le fait marquant dû à l'invention de Bitcoin est la création d'un nouveau type de bien numérique rare???les bitcoins. Les bitcoins sont des jetons numériques transférables qui sont créés sur le réseau Bitcoin au cours d'un processus nommé ?minage?. Le minage de bitcoins est grossièrement analogue à l'extraction de l'or, à ceci près que leur production suit un protocole prévisible et pré-conçu. Par convention, seuls 21 millions de bitcoins seront jamais minés, et la plupart l'ont déjà été???approximativement 16,8 millions de bitcoins ont déjà été minés au moment de l'écriture de cet article. Tous les quatre ans, le nombre de bitcoins produits par le minage est divisé par deux, et la production de nouveaux bitcoins cessera complètement aux alentours de l'année 2140. Bitcoin et son émission déflationniste Les bitcoins ne sont garantis par aucun produit physique, tout comme ils ne sont garantis par aucun gouvernement ou par aucune société privée, ce qui nous amène à la question suivante : pourquoi ont-ils, ou devraient-ils avoir, la moindre valeur ? A la différence des titres côtés en Bourse (actions comme obligations), des biens fonciers ou même d'autres marchandises essentielles comme l'huile ou le blé, les bitcoins ne peuvent être valorisés selon les analyses des flux financiers actualisés ou selon la demande les concernant pour leur utilisation dans la production d'autres biens de consommation. Les bitcoins appartiennent à une catégorie toute différente de biens, connus comme des produits financiers, dont la valeur se détermine selon la théorie des jeux et du comportement économique. Dans cette configuration, chaque participant au marché valorise un bien selon comment il croit (ou prévoit) que les autres participants valorisent ce bien en question. Pour comprendre la théorie des jeux et du comportement économique des biens monétaires, il faut explorer plus avant les origines de la monnaie. Les origines de la monnaie Dans les plus anciennes sociétés humaines, l'échange (et par extension, le commerce) entre différents groupes de personnes prenait principalement la forme du troc. Les inefficiences incroyables inhérentes au troc limitaient drastiquement l'échelle et l'envergure de ce mode d'échange. Un désavantage majeur concernant l'échange à travers le troc est la nécessaire double coïncidence des besoins. Un producteur de pommes peut vouloir commercer avec un poissonnier, par exemple, mais si le poissonnier ne désire pas de pommes au même moment, l'échange n'aura pas lieu. Avec le temps, les humains ont évolué vers la recherche de la possession de certains objets de collection en raison de leur rareté et de leur valeur symbolique (par exemple, à travers l'histoire, aussi bien des coquillages, des dents d'animaux ou des silex). En effet, comme Nick Szabo l'a montré dans son brillant essai sur les origines de la monnaie, le désir humain pour les collectionnables a fourni un avantage évolutif décisif pour les premiers hommes contre leur plus proche compétiteur biologique, homo neanderthalis. La fonction évolutive fondamentale et ultime des objets de collection était d'être un médium permettant de stocker et de transférer de la richesse. Les objets de collection ont servi comme une sorte de ?proto-monnaie? en rendant le commerce possible entre des tribus autrement antagonistes et en permettant à la richesse d'être transférée entre les générations. Le commerce et le transfert d'objets de collection étaient réellement peu fréquents dans les sociétés paléolithiques et ces biens avaient alors plus le rôle de ?réserve de valeur? que de ?moyen d'échange?, rôle que nous reconnaissons aujourd'hui assez largement à la monnaie. Szabo explique : ?Comparativement à la monnaie moderne, la monnaie primitive avait une très faible vélocité???elle ne pouvait être transférée que quelques fois au cours de la vie d'un individu moyen. Néanmoins, une collection durable, ce que nous appelons aujourd'hui un héritage, pouvait persister pour quelques générations et ajoutait alors une valeur substantielle à chaque transfert???souvent permettant même le transfert tout court.? Les premiers hommes affrontaient un important dilemme en lien avec la théorie des jeux quand ils devaient décider quels objets de collection recueillir ou créer : quels objets seraient désirés également par leurs autres congénères ? En anticipant quels objets pourraient être demandés pour leur valeur en tant que collectionnable, un bénéfice formidable était conféré au détenteur initial alors capable de compléter des échanges avantageux et de faire fortune. On trouve ainsi l'exemple de certaines tribus d'Amérindiens comme les Narragansetts, spécialisés dans la production de collectionnables utilisables seulement comme moyen d'échange, et n'ayant sinon aucune autre utilité. Ce n'est rien de moins que les prémices de l'anticipation de la demande future pour un collectionnable donné, le plus grand avantage étant alors conféré à son propriétaire initial ; il peut alors être acheté moins cher avant qu'il soit largement demandé, et sa valeur d'échange augmente à mesure que la population qui le recherche s'agrandit. Par ailleurs, acquérir un bien dans l'espoir qu'il sera demandé plus tard comme une réserve de valeur peut accélérer son adoption à cette fin précise. Cette circularité apparente est en fait une boucle de rétroaction qui amène les sociétés à rapidement converger vers une seule réserve de valeur. Dans la théorie des jeux, ce phénomène est connue comme ?l'Equilibre de Nash?. Atteindre un Equilibre de Nash pour une réserve de valeur est une véritable aubaine pour n'importe quelle société comme cela facilite grandement le commerce et la division du travail, permettant alors l'avènement de la civilisation. Pendant des millénaires, comme les sociétés humaines se développaient et les routes commerciales s'étendaient, les réserves de valeur qui avaient commencé à émerger parmi les différentes sociétés en gestation commençaient à entrer en compétition les unes avec les autres. Marchands et clients allaient se trouver face à un choix : préserver les fruits de leur commerce plutôt dans la réserve de valeur reconnue par leur propre société ou bien dans la réserve de valeur reconnue par la société au sein de laquelle ils commerçaient, ou bien avec un équilibre savant entre les deux. Le fait de maintenir des économies dans une réserve de valeur étrangère était un bénéfice évident permettant d'accroître les capacités des commerçants à échanger dans la réserve de valeur étrangère. Les marchands gardant leurs économies dans une réserve de valeur étrangère avaient également une incitation nette à encourager l'adoption de cette valeur étrangère par leur propre société, comme cela augmenterait le pouvoir d'achat justement associé à leurs économies. Les bénéfices d'une réserve de valeur importée concernaient certes d'abord les marchands commerçant à l'étranger, mais ensuite également toutes les sociétés impliquées. Deux sociétés convergeant vers une seule réserve de valeur verraient une diminution substantielle du coût nécessaire à la réalisation de ce commerce entre tout un chacun et une augmentation préposée dans le commerce impliquant de la richesse. En fait, le 19e siècle fût véritablement la première fois que la plupart des sociétés du monde convergea vers une seule réserve de valeur commune???l'or???et cette époque vit la plus grande explosion commerciale dans l'histoire du monde. De cette période fastueuse, Lord Keynes écrivit : ?Quel extraordinaire épisode dans le progrès économique de l'Homme que cette époque? pour toute personne capable ou tout individu meilleur que la moyenne, dans les classes moyenne ou supérieure, à qui la vie fut offerte, à bas prix et à peu de frais, il était désormais possible de surpasser le confort et la qualité de vie des plus riches et plus puissants monarques des âges anciens. Les habitants de Londres pouvaient commander par téléphone, pendant qu'ils buvaient leur thé du matin dans leur lit, ayant accès aux marchandises les plus variées de la Terre entière, dans une quantité qu'ils pourraient juger amplement suffisante, et tout cela en s'attendant à recevoir leur commande très rapidement au pas de leur porte.? Les attributs d'une bonne réserve de valeur Quand les réserves de valeur entrent en compétition les unes avec les autres, ce sont des attributs bien spécifiques qui font qu'une nouvelle réserve de valeur pourra venir en concurrencer une autre, d'abord à la marge, puis avec une demande qui augmentera avec le temps. Alors que beaucoup de biens ont été utilisés comme des réserves de valeur ou ?proto-monnaie?, certaines caractéristiques émergent en définitive comme étant particulièrement demandées et amenant les biens les respectant à outrepasser leurs autres concurrents. Une réserve de valeur idéale devrait être : Durable : Le bien ne doit pas être périssable ou facilement destructible. Ainsi, par exemple, le blé n'est pas une réserve de valeur idéale. Portable : Le bien doit être facile à transporter et à stocker, il doit pouvoir être protégé contre la perte ou le vol, et permettre de faciliter le commerce même à longue distance. A cet égard, une vache est véritablement moins adaptée qu'une bracelet en or en tant que réserve de valeur. Fongible : Un exemplaire (ou spécimen) du bien en question doit être interchangeable avec un autre de même qualité et quantité. Sans fongibilité, le problème initial de la double coïncidence des biens demeure non résolu. Ainsi l'or est préférable à des diamants, lesquels sont irréguliers en forme, taille et qualité. Vérifiable : Le bien doit être facilement identifiable et doit pouvoir être vérifié comme authentique. Chaque vérification précédente augmente alors la confiance de son prochain récipiendaire dans l'échange, et cela augmente par la même occasion la probabilité que la transaction soit conclue. Divisible : Le bien doit être facile à subdiviser. Alors que cet attribut était moins important dans les sociétés primitives où le commerce était peu répandu, il devint plus important à mesure que le commerce mondial fleurissait et que les quantités échangées devenaient plus petites et mesurées avec plus de précision. Rare : Comme Nick Szabo l'a défini, un bien monétaire doit avoir un ?coût rattaché à sa falsification improbable?. En d'autres termes, le bien ne doit être ni disponible en quantité abondante, ni facile à obtenir ou à produire en quantité. La rareté est peut-être le plus important des attributs qui définisse une réserve de valeur, comme elle fait caisse de résonance avec le désir inné de l'Homme de collectionner ce qui est rare. C'est la source-même de la valeur originelle de toute réserve de valeur. Historique établi : Le plus longtemps le bien a déjà été perçu comme de valeur certaine par une société, le plus de chances ce bien aura d'apparaître à cette société comme une réserve de valeur. Une réserve de valeur établie comme étalon reconnu depuis longtemps sera difficile à disrupter par un nouveau challenger, à l'exception d'une force conquérante massive ou bien si le challenger en question est doté d'un avantage significatif au vu des autres attributs que nous listons ici. Résistant à la censure : La résistance à toute forme de censure est un nouvel attribut qui a commencé à devenir de plus en plus important dans notre société numérique moderne, avec une surveillance invasive mais à bas bruit de tous les instants. On peut la définir comme suit : à quel point peut-il être difficile pour un tiers (comme une entreprise ou un état) d'empêcher le propriétaire du bien en question de le garder ou bien de l'utiliser ? Les biens qui sont résistants à la censure sont idéaux pour ceux qui vivent sous le joug de régimes qui essaient d'imposer un contrôle strict des capitaux ou bien de déclarer illégaux diverses formes de commerce pacifique. Le graphique ci-dessous classe Bitcoin, l'or (Gold) et la monnaie fiduciaire (Fiat, par exemple le Dollar américain) au travers des différents attributs précédemment listés et est suivi par une explication de chacune des notations attribuées : Proposition de comparatif entre Bitcoin, Or et monnaies fiduciaires Longévité L'or est le Roi incontesté de la longévité. La vaste majorité de l'or qui a jamais été miné ou frappé, en comptant l'or des Pharaons, est toujours existant aujourd'hui et sera très probablement encore disponible dans plusieurs milliers d'années. Les pièces d'or qui étaient utilisées comme monnaie dans l'Antiquité ont conservé une valeur significative aujourd'hui. Les monnaies fiduciaires et Bitcoin sont fondamentalement de simples enregistrements numériques qui peuvent prendre une forme matérielle (comme les billets de banque). En ce cas, ce n'est pas la longévité de leurs manifestations matérielles qui doivent être évaluées (après tout, un billet d'un dollar en mauvais état peut être échangé contre un neuf en gardant la même valeur), mais la longévité de l'institution qui les a émis. Dans le cas des monnaies fiduciaires, beaucoup de gouvernements ont existé à travers les siècles et leurs monnaies respectives ont disparu avec eux. Les Papiermark (ou le mark-papier en Français), Rentenmark ou autres Reichsmark de la République de Weimar n'ont plus de valeur désormais parce que l'institution qui les a émis n'existe plus. Si l'Histoire passée a la moindre valeur prédictive, il serait alors curieux de considérer les monnaies fiduciaires comme durables sur le long terme???le Dollar américain et la Livre Sterling anglaise étant des anomalies relatives à cet égard. Les bitcoins, ne dépendant pas d'une autorité centralisée émettrice, pourraient être considérés comme durables à la nuance qu'ils le seront aussi longtemps que le réseau qui les sécurise restera en place. Etant donné que Bitcoin en est toujours à ses balbutiements, il est clairement trop tôt pour tirer des conclusions sur sa potentielle longévité. Cependant, il existe des signes encourageants : malgré le fait que les institutions principales de plus en plus d'états-nations de premier plan essaient actuellement de réguler Bitcoin, malgré des années d'attaques par des hackers, le réseau a toujours continué de fonctionner, démontrant un incroyable degré de résistance, à tel point que l'on pourrait le qualifier de réseau ?anti-fragile?. Portabilité Les bitcoins sont probablement la réserve de valeur la plus transportable jamais utilisée par l'Homme. Les clés privées, base fondamentale cryptographique de Bitcoin, sont utilisées pour représenter jusqu'à des centaines de millions de dollars, et peuvent malgré tout être stockées sur de simples petites clés USB classiques, puis être facilement transportées n'importe où. Par ailleurs, des sommes égales en terme de valeur peuvent être transmises entre individus d'un bout à l'autre de la Terre presque instantanément. Les monnaies fiduciaires, également fondamentalement numériques, sont aussi hautement transportables. Cependant, les régulations gouvernementales et les contrôles de capitaux impliquent que les transferts importants de valeur prennent habituellement plusieurs jours au minimum, parfois plusieurs mois, voire peuvent ne pas être possible du tout. Les espèces peuvent parfois être utilisées pour tenter de contourner un contrôle des capitaux, mais alors le risque associé au stockage et au coût de transport effectif devient beaucoup plus important. L'or, étant par essence physique et d'une forme incroyablement dense, est de loin la moins transportable des réserves de valeurs évoquées ici. Ce n'est pas un hasard si la majorité des lingots ne sont jamais déplacés. Quand un lingot est échangé entre un acheteur et un vendeur, il est assez coutumier que ce soit le titre de propriété de l'or qui soit physiquement transféré, pas le lingot lui-même. Transmettre de l'or à travers de larges distances est de plus coûteux, risqué et chronophage. Fongibilité L'or fournit le standard concernant la fongibilité. Lorsqu'elle est fondue, une once d'or est intrinsèquement indistinguable d'une autre once, et l'or s'est toujours échangé sous cette forme sur le marché. Les monnaies fiduciaires de leur côté sont seulement fongibles tant que les institutions qui les ont émises leur permettent d'exister. Alors qu'il peut arriver qu'un billet de banque soit traité comme tous les autres par les marchands qui les acceptent, il existe des institutions au sein desquelles les billets désignant des valeurs élevées étaient traitées différemment des plus petites coupures. Par exemple, le gouvernement Indien, dans une tentative d'éradiquer son marché noir (non taxé par conséquent), a complètement démonétisé ses billets de 500 et 1000 roupies. La démonétisation entraîna que les billets de banque de 500 et 1000 roupies ne furent plus échangeables contre leur valeur consensuelle habituelle, mais à un taux fortement réduit, discréditant de facto leur caractère fongible avec leur valeur reconnue diminuée. Les bitcoins sont fongibles au niveau de leur réseau, dans le sens où chaque bitcoin, lorsqu'il est transmis, est traité de la même façon que tous les autres sur la blockchain Bitcoin. Cependant, parce que les bitcoins sont totalement traçables sur leur blockchain, un bitcoin en particulier peut être contaminé s'il est utilisé à un moment ou à un autre lors de commerce illégal, et les marchands ou les plateformes d'échange de crypto-actifs pourraient décider un jour de ne pas accepter de tels bitcoins vérolés. Sans améliorations futures sur le plan de la vie privée et de l'anonymat au niveau du protocole du réseau Bitcoin-même, les bitcoins ne peuvent à l'heure actuelle être considérés comme autant fongibles que de l'or. Vérifiabilité Pour la plupart des besoins, les monnaies fiduciaires comme l'or sont facilement vérifiables et authentifiables. Cependant, malgré l'ajout progressif de processus particuliers lors de leur production afin de limiter la contrefaçon, les états-nations et leurs citoyens respectifs doivent encore faire face au risque potentiel d'être trompés par des billets contrefaits. L'or non plus n'est pas immunisé contre la contrefaçon. Des criminels aux méthodes très sophistiquées ont par exemple utilisé du tungstène comme base à de l'or contrefait afin de flouer des investisseurs qui pensaient acquérir de l'or contre espèces trébuchantes. Les bitcoins d'un autre côté peuvent, eux, être vérifiés avec une certitude toute mathématique. Par l'utilisation de signatures cryptographiques, le propriétaire d'un bitcoin peut publiquement (ou non) prouver qu'il détient le bitcoin qu'il dit justement détenir. Divisibilité Les bitcoins peuvent être divisés jusqu'au cent millionième d'un bitcoin et ainsi permettrent le transfert de sommes infinitésimales (les frais de réseau de la blockchain, cependant, procèdent eux de la transmission de minuscules sommes ?non? économiques, initialement). Les monnaies fiduciaires sont typiquement divisibles en espèces pour permettre l'expression et l'utilisation du ?petit? pouvoir d'achat, rendant la division modérée inhérente aux monnaies tout à fait suffisante en pratique quotidienne. L'or, bien que physiquement divisible, devient difficile à utiliser quand il doit être divisé en trop petites quantités pour permettre une utilisation hypothétique dans le commerce classique de la vie quotidienne. Rareté L'attribut qui distingue fondamentalement Bitcoin des monnaies fiduciaires et de l'or est sa rareté pré-déterminée. Par convention, tout au plus 21 millions de bitcoins seront créés, à jamais. Cela donne dès l'achat au propriétaire de bitcoins un pourcentage connu de l'offre totale et définitive possible. Par exemple, le propriétaire de 10 bitcoins saura que tout au plus 2,1 millions de personnes sur Terre (moins de 0,03% de la population mondiale) pourront jamais avoir autant de bitcoins que lui. L'or, bien que demeurant fortement rare à travers l'Histoire, n'est pas immunisé contre des augmentations momentanées de l'offre existante. Cela pourrait par exemple être un jour le cas avec la découverte d'une nouvelle méthode de minage ou de nouvelles sources d'approvisionnement rendant l'acquisition de l'or plus économique qu'actuellement ; dans une telle situation, l'offre en or pourrait augmenter vertigineusement (par exemple, le minage aquatique ou le minage spatial sur astéroïdes). Enfin, les monnaies fiduciaires, bien qu'une invention relativement récente dans l'Histoire, ont définitivement montré être régulièrement sujettes à des croissances de masses monétaires massives. Les états-nations ont montré une propension persistante à provoquer l'inflation de leur monnaie pour tenter de résoudre leurs problèmes politiques court-termistes. Les tendances inflationnistes des gouvernements à travers le monde laissent le propriétaire d'une monnaie fiduciaire en particulier avec une certitude : ses économies vont très probablement se déprécier dans le temps. Historique établi Aucun autre bien monétaire n'a d'histoire aussi longue et bien documentée que l'or, qui a été fortement valorisé de tous temps que la civilisation humaine exista. Les pièces forgées dans les jours lointains antiques ont toujours une valeur significative aujourd'hui. On ne peut pas dire la même chose des monnaies fiduciaires qui sont une anomalie relativement récente de l'Histoire. Depuis leur création, les monnaies fiduciaires ont eu une tendance quasi universelle à la dépréciation éventuelle. Le recours à l'inflation comme un moyen insidieux de taxer la population a été une tendance forte de l'Histoire à laquelle peu d'états ont été capables de résister. Durant le XXe siècle, pendant lequel les monnaies fiduciaires commencèrent à dominer l'ordre monétaire global, si une vérité économique s'est bien établie, c'est qu'être persuadé que la monnaie fiduciaire en elle-même peut être utilisée pour maintenir de la valeur à travers le long (voire simplement le moyen) terme est une erreur. Bitcoin, malgré sa courte existence, a vu son marché traverser plusieurs épisodes de turbulence semblant démontrer qu'il est assez improbable de le voir disparaître en tant qu'actif économique de valeur à court terme. Par ailleurs, l'Effet Lindy suggère que plus Bitcoin parviendra à survivre, plus il aura de chance de gagner une confiance et crédibilité sociétales lui permettant de continuer à exister par lui-même pour lui-même, longtemps dans le futur. En d'autres termes, la confiance sociétale attribuée à un nouveau bien monétaire est asymptotique par nature, comme l'illustre sommairement et schématiquement le graphique suivant : Si Bitcoin parvient à exister pendant encore 20 ans, il pourrait naître une croyance populaire selon laquelle Bitcoin serait amené à perdurer pour toujours et à être disponible en conséquence, à l'image de la croyance populaire selon laquelle Internet est une facette permanente et perpétuelle de notre monde moderne. Résistance à la censure Une des raisons fondamentales de la demande initiale en bitcoins fut son utilisation pour le trafic illégal de stupéfiants sur le Darknet. Beaucoup ont néanmoins probablement surestimé, en se trompant, que la demande initiale en bitcoins était due à son anonymisation ostensible. Bitcoin, pourtant, est très loin d'être une monnaie anonyme ; chaque transaction transmise au réseau Bitcoin est enregistrée pour toujours sur sa blockchain publique. L'historique des transactions enregistrées permet donc aux institutions judiciaires et fiscales du monde entier de procéder à une analyse détaillée a posteriori pour identifier la source d'un mouvement de fonds particulier. C'est par une analyse similaire que le supposé commanditaire et exécutant du casse de la plateforme MtGox a pu être identifié et appréhendé. Même s'il est vrai qu'avec une vigilance particulière, il peut éventuellement être possible à un individu d'utiliser Bitcoin sans révéler directement son identité, ce n'est pas la raison ayant rendu l'utilisation de Bitcoin si populaire pour le trafic de stupéfiants. ?L'atout? majeur ayant fait de Bitcoin un actif si précieux pour ces activités illégales est son caractère libre ne nécessitant pas d'autorisation d'une quelconque autorité centralisée au niveau du réseau Bitcoin lui-même. Quand des bitcoins sont transmis au niveau du réseau Bitcoin, il n'y a aucune intervention humaine nécessaire pour décider du caractère légitime d'une transaction et permettre ou empêcher sa réalisation. En tant que réseau peer-to-peer distribué et décentralisé, Bitcoin est, intrinsèquement, conçu pour être résistant à la censure. C'est un contraste flagrant avec le système bancaire fiduciaire classique où les états régulent les banques et les autres surveillants de la transmission monétaire pour leur faire signaler et empêcher les utilisations illégales de biens monétaires. Un exemple classique de la régulation de la transmission de la monnaie est le contrôle des capitaux. Pour prendre un exemple volontairement exagéré, un millionnaire pourrait rencontrer des difficultés à transférer sa richesse d'un pays à un autre s'il devait tenter d'échapper à l'arrivée au pouvoir d'un régime oppressif. Même si l'or n'est pas initialement émis par les états, sa nature physique le rend difficile à transporter à travers les longues distances, le rendant plus susceptible d'être la cible d'une régulation étatique stricte que le Bitcoin. On peut trouver un exemple d'une telle régulation avec le Gold Control Act indien, en 1968. Bitcoin excelle à travers la majorité des attributs listés dans cet article, le rendant susceptible d'entrer en compétition ouverte avec aussi bien les nouveaux que les anciens biens monétaires, d'abord à la marge, puis produisant une forte incitation à une adoption plus massive. Tout particulièrement, la combinaison potentielle de sa capacité de résistance à la censure et sa rareté absolue a été une très puissante motivation pour beaucoup d'investisseurs aisés afin de se décider à allouer une portion de leur fortune à cet actif financier naissant. L'évolution de la monnaie Le rôle de médium d'échange de la monnaie est une réelle obsession de l'économie monétaire moderne. Durant le XXe siècle, les états ont monopolisé l'émission de la monnaie et ont continuellement sapé son usage comme réserve de valeur, créant ainsi une fausse croyance selon laquelle la monnaie est initialement définie comme un médium d'échange. D'aucuns ont critiqué Bitcoin comme étant une monnaie inadaptée dans un rôle de médium d'échange à cause de son prix considéré comme trop volatil. C'est cependant à mes yeux mettre la charrue avant les b?ufs. La monnaie a toujours évolué par étapes, avec le rôle de réserve de valeur précédant le rôle de médium d'échange. Un des pères fondateurs de l'école économique marginaliste, Stanley Jevons, expliquait ainsi : ?Historiquement parlant? L'or semble avoir servi, initialement, comme un bien précieux purement décoratif ; puis ensuite, pour stocker de la richesse ; et en troisième lieu, comme un médium d'échange ; puis, finalement, comme une réelle mesure de valeur.? Selon la terminologie moderne, la monnaie évolue toujours selon les quatre étapes suivantes : Collectionnable : Dans la toute première étape de son évolution, la monnaie sera seulement demandée sur la base de ses caractéristiques singulières propres, laquelle relève souvent de la fantaisie de ses premiers possesseurs. Les perles, autres coquillages puis l'or furent, tous, d'abord des collectionnables avant de progressivement transitionner vers les rôles propres à la monnaie qui nous sont plus familiers. Réserve de valeur : Une fois que suffisamment de gens recherchent ces caractéristiques propres à la monnaie en question, elle commence à être de plus en plus reconnue comme un moyen de garder et de stocker de la valeur à travers le temps. Au fur et à mesure qu'un bien devient plus largement reconnu comme une réserve de valeur souhaitable, le pouvoir d'achat qui lui est associé augmente proportionnellement avec le nombre de personnes qui le recherchent également dans ce but précis. Ce pouvoir d'achat associé pourra éventuellement atteindre un plateau quand l'usage de cette monnaie dans ce but précis sera entré dans les m?urs de la population, et que l'afflux de nouvelles personnes cherchant à la détenir dans cet objectif commencera potentiellement à diminuer. Médium d'échange : Quand la monnaie est pleinement établie comme une réserve de valeur, son pouvoir d'achat se stabilise. Avec un pouvoir d'achat stable, le coût d'opportunité jusqu'ici associé à l'utilisation de cette monnaie comme un médium d'échange diminue jusqu'à un niveau qui peut justement rendre ce nouvel usage souhaitable. Dans les premiers jours de Bitcoin, beaucoup de gens n'ont pas su apprécier le coût d'opportunité associé à l'utilisation précoce de bitcoins comme un médium d'échange, plutôt que comme une réserve de valeur balbutiante. L'histoire tristement célèbre de l'homme qui avait acheté deux pizzas contre 10 000 bitcoins (un coût d'opportunité estimable à 94 millions de dollars à l'heure de la rédaction de cet article) en est une claire illustration. Unité de compte : Quand une monnaie est largement utilisée comme un médium d'échange, les prix de plus en plus de biens commencent à être exprimés en ses termes. Par exemple, dans un premier temps, on commencera à préciser le prix en cette monnaie comparativement à son taux d'échange par rapport à la monnaie déjà en place. C'est une erreur commune que de penser que des prix exprimés en Bitcoin sont disponibles pour beaucoup de biens aujourd'hui. Par exemple, même si une tasse de café peut tout à fait être achetée en utilisant des bitcoins, le prix affiché n'est pas un véritable prix en bitcoins ; à la place, il s'agira d'un prix en dollars souhaité par le marchand, lequel serait éventuellement ensuite traduit en termes de bitcoins au taux d'échange actualisé de la paire USD/BTC. Si le prix de Bitcoin vient à chuter en termes de dollars, le nombre de bitcoins demandé par le marchand peut alors augmenter considérablement. On ne pourra considérer Bitcoin comme une réelle unité de compte qu'à une seule condition : dans le cas où, un jour, le commerce global se ferait en acceptant les bitcoins comme moyen de paiement sans avoir à tenir compte d'un taux d'échange par rapport aux monnaies fiduciaires. Les biens monétaires qui ne sont pas encore des unités de compte peuvent néanmoins sembler parfois ?partiellement monétisées?. Aujourd'hui, l'or remplit un tel rôle, étant une réserve de valeur mais ayant été dépouillé de ses rôles de médium d'échange et et d'unité de compte par les interventions gouvernementales. Il est aussi possible qu'un bien remplisse le rôle de médium d'échange d'une monnaie tandis qu'un autre bien remplira les autres rôles attendus. C'est typiquement vrai dans des pays aux états dysfonctionnels comme l'Argentine ou le Zimbabwe. Dans son livre Digital Gold, Nathaniel Popper écrit : ?En Amérique, le dollar remplit sans heurt les trois fonctions de la monnaie : servir de médium d'échange, être une unité pour mesurer le coût des biens, et être un actif à travers lequel la valeur peut être stockée. En Argentine, à l'opposé, alors que le peso était utilisé comme un médium d'échange???pour les achats de la vie quotidienne???personne ne l'utilisait comme une réserve de valeur. Garder ses économies en peso était littéralement l'équivalent de jeter son argent par les fenêtres. Alors les gens échangeaient dès qu'ils le pouvaient leurs pesos contre des dollars, ce qui gardait leur valeur supérieure à celle du peso. Parce que le peso était trop volatile, les gens exprimaient plus volontiers les prix en dollars, qui leur fournissait une unité de mesure plus fiable dans le temps.? Bitcoin est actuellement en train de transitionner d'une première étape de pré-monétisation à un second état monétaire. Il se passera probablement plusieurs années encore avant que Bitcoin n'ait totalement évolué de son statut de réserve de valeur naissante à celui d'un véritable médium d'échange, et le long chemin menant à ce Graal est encore empreint de risques et d'incertitude. Il est frappant de noter qu'effectuer la même transition prit plusieurs siècles à l'or. Personne n'ayant vécu, et personne ne vivant actuellement, n'a encore vu la réelle monétisation complète de l'or en tant qu'actif remplissant les trois fonctions évoquées auparavant à la fois. Par extension, il n'y a donc que très peu d'indicateurs et d'expériences du passé permettant de se faire une idée précise du temps que pourrait prendre un tel processus de monétisation complète dans le cas précis de Bitcoin. Dépendance au sentier Durant le processus pour être monétisé, un bien monétaire peut voir une explosion littérale du pouvoir d'achat qui lui est associé. Beaucoup ont commenté cet augmentation vertigineuse du pouvoir d'achat associé à Bitcoin comme justifiant de la comparaison de Bitcoin avec une ?bulle?. Bien que ce terme ait souvent été utilisé d'une manière désobligeante, pour suggérer que Bitcoin était grossièrement surévalué, c'est en réalité un qualificatif tout à fait approprié, mais pour d'autres raisons. Une caractéristique commune à tous les biens monétaires est que leurs pouvoirs d'achat associés sont plus élevés que ce que leur usage seul peut justifier. En fait, beaucoup de monnaies historiques n'ont jamais eu aucune valeur intrinsèque du tout. La différence entre le pouvoir d'achat associé à un bien monétaire et sa valeur d'échange possible par rapport à son utilité propre peut être définie comme une ?prime monétaire?. Comme un bien monétaire transitionne à travers les différentes étapes de sa monétisation (comme définies auparavant), la ?prime monétaire? pourra augmenter. Cette ?prime? ne progresse pas de façon linéaire et prévisible, cependant. Un bien donné X qui était en plein processus de monétarisation peut tout à fait être mis hors jeu soudainement par un autre bien Y qui se trouve tout à coup plus désirable en tant que monnaie, et la ?prime monétaire? de X peut alors fondre voire disparaître entièrement. La prime monétaire de l'argent disparut totalement à la fin du XIXe siècle, quand les gouvernements à travers le monde l'abandonnèrent largement en tant que monnaie pour se tourner plutôt vers l'or. Répartition illustrative du prix entre utilité industrielle et ?prime monétaire? pour l'argent, l'or et le BTC Même en l'absence de facteurs exogènes comme des interventions gouvernementales ou une compétition avec d'autres biens monétaires, la prime monétaire d'une nouvelle monnaie ne suivra de toute façon pas une courbe prédictible. L'économiste Larry White observait que : ?[?] le problème avec la métaphore d'une ?bulle?, bien évidemment, est qu'elle peut s'appliquer à n'importe quelle courbe monétaire ; et que de plus, elle ne fournit aucune explication d'aucune évolution d'aucun prix, même sur des exemples particuliers.? Le processus de monétarisation relève de la pure théorie des jeux ; chaque participant au marché essaie d'anticiper la demande globale des autres participants, et donc la future prime monétaire afférente. Parce que la prime monétaire n'est pas en lien avec l'utilité intrinsèque du bien monétaire, les participants au marché tendent à se reporter aux prix passés pour déterminer si un bien monétaire est cher ou non au vu du contexte momentané, et quand il vaut mieux le vendre ou l'acheter. La connexion entre la demande momentanée et les prix passés est appelée ?dépendance au sentier? et c'est probablement la plus grande source de biais cognitifs et de confusion dans la compréhension des évolutions des prix des biens monétaires. Quand le pouvoir d'achat associé à un bien monétaire augmente de concert avec son adoption, les espoirs du marché, et les définitions conventionnelles de ce qui est considéré comme ?cher ou non?, évoluent en conséquence. De la même façon, quand le prix d'un bien monétaire s'effondre, les espoirs peuvent tout aussi bien se métamorphoser en l'opinion inverse, que les prix précédents étaient après tout ?irrationnels? ou totalement exagérés. Le sentier de la dépendance dans le domaine monétaire est illustré par les mots du bien connu Josh Brown, gérant de fond d'investissement de Wall Street : ?J'ai acheté [des bitcoins] à quelque chose comme 2300$ et j'ai eu une multiplication quasi immédiate de mes avoirs par deux. Puis j'ai commencé à me dire ?Je ne peux quand même pas en acheter plus?, tandis qu'il continuait à s'envoler, alors que ce n'était qu'une opinion arrêtée qui ne reposait sur rien d'autre que le prix auquel je l'avais acheté au départ. Puis, pendant qu'il s'effondrait la semaine dernière à cause de la répression en Chine à l'encontre des sociétés d'échange de Bitcoin, j'ai commencé à me dire ?Allez, génial, j'espère qu'ils vont l'achever, que je puisse en acheter encore plus.?? En définitive, la notion-même de ?cher ou pas? est inadaptée lorsqu'on fait référence à des biens monétaires. Le prix d'un bien monétaire n'est en définitive pas le reflet d'un flot monétaire particulier ou d'une utilité supposée, mais en fait une mesure d'à quel point ce bien est largement adopté à travers les différents rôles d'une monnaie. De plus, la théorie de la dépendance au sentier prend encore plus de plomb dans l'aile lorsqu'on réalise que les participants au marché n'agissent pas tant en observateurs dépassionnés, essayant d'acheter ou de vendre en anticipation des mouvements futurs de la prime monétaire tant désirée, mais qu'ils agissent également comme des évangélistes zélés. Comme il n'y a en définitive pas de prime monétaire objectivable, le prosélytisme dans un tel contexte en vantant les qualités supérieures du bien monétaire en question est bien plus efficace dans le contexte monétaire que pour les autres types de biens de consommation classiques, dont la valeur dépend en définitive des capitaux financiers et de leur demande rattachée solidement à leur utilité réelle. La ferveur quasi religieuse de certains des participants au marché de Bitcoin peut être observée à travers une variété de forums sur Internet, où les propritétaires de bitcoins promeuvent activement les bénéfices de Bitcoin et la richesse que tout un chacun pourrait supposément acquérir en investissant en son sein. En observant le marché de Bitcoin, Leigh Drogen commente : ?Vous pouvez l'identifier comme une religion???une histoire que nous nous racontons les uns aux autres et sur laquelle nous sommes d'accord. Nous pensons que le genre de courbe que son adoption devrait suivre serait assez similaire à celui d'une religion. C'est une illustration presque parfaite???dès que quelqu'un s'y trouve confronté, il en parle à tout le monde autour de lui et entre dans un processus quasi évangéliste. Puis ses amis s'y mettent également et propagent eux aussi la bonne parole.? Alors que la comparaison à une religion peut tout à fait conférer à Bitcoin une aura de foi irrationnelle, il semble en fait tout à fait logique à un individu propriétaire de bitcoins d'essayer de convertir ses proches à ce bien monétaire qu'il considère comme supérieur aux autres, et de souhaiter que sa société l'embrasse dans son entièreté. La monnaie agit comme des fondations pour tous les échanges, tout le commerce et toutes les économies, donc il peut sembler que l'adoption d'une forme supérieure de monnaie pourrait avoir des bénéfices comparatifs énormes, presque multiplicatifs, en terme de création de richesse pour tous les membres d'une société. Le déroulement d'une monétarisation Alors qu'il n'y a à priori aucune règle concernant la route que suivra un bien monétaire pendant sa potentielle monétarisation, une curieuse tendance a émergé pendant l'histoire relativement brève de début de monétarisation de Bitcoin. Le prix de Bitcoin semble suivre une tendance à la progression en fractale, dans laquelle chaque itération de cette fractale suit harmonieusement une forme classique de cycle du hype (ce cycle est une marque déposée du groupe Gartner). Représentation d'un cycle de la hype de Gartner Dans son article sur l'Adoption Spéculative du Bitcoin par rapport à la Théorie des Prix, Michael Casey pose le postulat que l'expansion de l'adoption de Bitcoin selon des cycles successifs de type hype de Gartner représente plusieurs phases d'une adoption qui respecterait une courbe étalon similaire à celle dejà suivie par plusieurs évolutions technologiques ayant déjà transformé la société et devenues depuis communément utilisées par tout un chacun. Différentes technologies désormais communément adoptées et leurs courbes d'adoption respectives à travers le temps, depuis le début du XXe siècle. Chaque cycle de la hype de type Gartner commence avec une déflagration d'enthousiasme pour la nouvelle technologie et le prix flambe sur le marché par l'entrée en jeu de participants qui peuvent se permettre cette première itération. Les acheteurs initiaux dans un cycle hype Gartner ont typiquement une conviction forte concernant la nature profondément transformatrice de la technologie dans laquelle ils investissent. Éventuellement, le marché peut atteindre un crescendo d'enthousiasme à mesure que l'offre en nouveaux participants qui peuvent être emportés par ce cycle hype Gartner s'amplifie et que l'achat global se trouve dominé par les spéculateurs plus intéressés par des profits rapides que par la technologie sous-jacente. Suivant le pic du cycle hype Gartner, les prix chutent rapidement et la ferveur spéculative est vite remplacée par le désespoir, les quolibets de l'opinion publique et l'impression qu'en définitive la technologie ne sera pas transformatrice du tout. Éventuellement, le prix peut atteindre un plateau à un prix diminué auquel les investisseurs originels conservant leur confiance initiale se trouvent rejoints par une nouvelle cohorte d'investisseurs qui ont pu supporter la souffrance induite par le crash et qui eux, savent également apprécier l'importance de la technologie en elle-même. Le plateau persiste ensuite pour une période de temps prolongé sous différentes formes, que Casey décrit comme une ?dépression stable ennuyeuse?. Pendant le plateau, l'intérêt du public pour la technologie va diminuer mais cette dernière va continuer à être développée et la communauté de fervents convaincus va lentement grandir. Une nouvelle base est alors établie pour une nouvelle itération du cycle hype Gartner à mesure que les observateurs extérieurs reconnaissent que la technologie ne va pas disparaître et qu'investir sur son avenir n'est peut-être pas si risqué qu'il le semblait pendant la phase de crash du cycle précédent. L'itération suivante du cycle hype Gartner portera une gamme encore plus large d'adopteurs et sera alors encore plus élargie en magnitude. Très peu de personnes participant à une itération d'un cycle hype Gartner vont correctement anticiper à quel point les prix pourront grimper avant de se stabiliser au sein de cette itération-même. Les prix atteignent habituellement des niveaux qui peuvent sembler tout à fait absurdes à la plupart des investisseurs des étapes initiales du cycle global. Quand le cycle prend fin, les médias ont tendance à rechercher une cause à attribuer à ce nouveau crash. Alors que l'événement désigné (par exemple, la faillite d'un site majeur d'échange de bitcoins ? un exchange) peut effectivement parfois être considéré comme précipitant, ce n'est souvent pas la raison fondamentale de la fin du cycle. Les cycles de hype de type Gartner finissent parce qu'un épuisement des participants au marché finit par s'observer sur ce cycle-même. Evolution du prix de l'or (1968-2011) Il est dit que l'or a suivi un cycle tout à fait classique de la hype de type Gartner entre la fin des années 1970 et le début des années 2000. Certains pourraient spéculer que ce cycle de la hype est une dynamique sociale inhérente au processus de monétisation à proprement parler. Cohortes de type Gartner Depuis le lancement du premier exchange avec la première cotation monétaire de Bitcoin en 2010, le marché de Bitcoin a traversé quatre cycles majeurs de hype Gartner. A la réflexion, on peut précisément identifier les gammes de prix des précédents cycles de hype Gartner dans le marché de Bitcoin. On peut également identifier qualitativement les différentes cohortes d'investisseurs qui se sont progressivement associées aux différentes itérations des cycles précédents. 0$?30$ (2009?Juillet 2011): Le premier cycle de hype sur le marché de Bitcoin a été dominé par les cryptographes, les informaticiens et les cypherpunks qui étaient déjà pré-disposés à comprendre l'importance et le caractère profondément disruptif de l'invention de Satoshi Nakamoto. De plus, à ce moment, les pionniers étaient libres de toute limite technique pour établir le protocole Bitcoin fondamental. 30$?250$ (Juillet 2011?Avril 2013): Le second cycle attira à la fois des adeptes de nouvelles technologies et un flux disparate d'investisseurs motivés par des idéologies pouvant se développer dans le potentiel apatridisme de cette monnaie. Des libertariens comme Roger Ver étaient attirés par Bitcoin, avec lequel des actions anti-establishment devenaient possibles dans le cadre d'un monde où cette technologie naissante serait largement adoptée. Wences Casares, un serial entrepeneur brillant au réseau développé, fit également partie du second cycle de la hype de Bitcoin et est connu pour avoir évangélisé à Bitcoin certains des principaux investisseurs de la Silicon Valley. 250$?1100$ (Avril 2013?Décembre 2013): La troisième vague de hype vit l'entrée d'investisseurs institutionnels qui étaient préparés à braver le caractère relativement complexe de cet actif ainsi que sa liquidité toute relative. La source primaire de la liquidité du marché pendant cette période était l'échange MtGox basé au Japon qui était dirigé par l'incompétent notoire Mark Karpeles, qui plus tard sera condamné à de la prison ferme pour son rôle supposé dans l'effondrement de l'exchange. Il est important de noter que l'ascension du prix de Bitcoin pendant les cycles de hyper susmentionnés fut largement corrélé avec l'augmentation de liquidités affluant dans le marché et la facilité avec laquelle les investisseurs pouvaient acheter des bitcoins. Durant la première phase de hype, il n'y avait pas de véritable exchange existant et l'acquisition de bitcoins se faisait principalement par le minage ou par un échange direct avec quelqu'un qui avait déjà miné des bitcoins. Durant la seconde phase de hype, des exchanges rudimentaires ont commencé à apparaître, mais obtenir et sécuriser des bitcoins depuis ces exchanges demeurait trop complexe pour la grande majorité, à l'exception donc des investisseurs biberonnés ?à la tech?. Même pendant la troisième vague, des obstacles significatifs persistaient pour tout investisseur qui souhaitait transférer de l'argent sur MtGox pour acheter des bitcoins. Les banques étaient réfractaires à faire affaire avec l'exchange, et les vendeurs de seconde main qui prétendaient faciliter les transferts de fonds étaient souvent incompétents, criminels, ou carrément les deux à la fois. De toute façon, la plupart de ceux qui avaient franchi ces obstacles et avaient réussi à gérer le transfert de fonds vers MtGox perdirent finalement toutes leurs ressources investies quand l'exchange fut hacké et plus tard fermé. Ce ne fut qu'après la chute de l'exchange MtGox, et près de deux ans d'un marché calme en convalescence, que des sources plus sûres de liquidités furent développées après un processus général de maturation ; on peut citer pour exemple les exchanges régulés comme GDAX ou l'entrée sur le marché de courtiers comme Cumberland Mining. Dans la foulée, quand le quatrième cycle de hype commença en 2016, il était devenu relativement facile pour des investisseurs particuliers d'acheter des bitcoins et de les sécuriser. 1100$?20089$ (2014?16 Décembre 2017) : Au moment de l'écriture de cet article, le marché de Bitcoin était encore en roue libre (Note du traducteur : le nouvel All Time High???ATH???fut finalement atteint le 16 décembre 2017, pour un total de 1 BTC = 20089 $). La participation à ce cycle de la hype a été dominé par ce que Michael Casey a décrit comme la majorité précoce (early majority) des investisseurs, composé à la fois de particuliers et de certains institutionnels. Adoption à travers le temps A mesure que les sources de liquidité commencent à s'implanter et à mûrir, les investisseurs institutionnels majeurs débutent les discussions à propos de l'opportunité de participer à ce marché, par le biais de marchés à termes régulés d'abord, pavant la route à la création d'un sacro-saint fond indiciel ETF Bitcoin, ce qui lancerait ensuite probablement les cycles suivants de hype avec l'entrée sur le marché de la majorité tardive (late majority) et des ?trainards? (laggards). Même s'il est proprement impossible de prédire la magnitude exacte de la vague actuelle de hype, il serait raisonnable de supputer que ce cycle atteindra un summum dans une gamme de 20000$ à 50000$ (Note du traducteur : les optimistes se diront que l'auteur fit preuve d'une relative clairvoyance, les esprits chagrins pourront rire de cette prédiction ? ou bien regretter que le cycle n'ait pas atteint la lune supposée des 50000$, c'est selon). A terme, Bitcoin pourrait venir à commander une fraction très significative de la capitalisation mondiale du marché de l'or (l'or et Bitcoin auraient des capitalisations équivalentes si Bitcoin atteignait un prix de 380000$, à l'heure de l'écriture de cet article). A l'heure actuelle, il faut garder à l'esprit qu'une part significative de la capitalisation mondiale du marché de l'or provient de la demande de la part des banques centrales, et il paraît improbable que des banques centrales ou même des états-nations participent au marché de Bitcoin pendant le cycle de hype actuel. L'entrée des états-nations Le cycle hype Gartner final de Bitcoin pourrait un jour débuter, si les états-nations décidaient de commencer à accumuler des bitcoins comme partie de leurs réserves monétaires étrangères. Le capitalisation du marché de Bitcoin est actuellement trop minime pour être considérée comme un ajout viable aux réserves de la plupart des pays. Cependant, à mesure que l'intérêt du secteur privé s'accroît, et si dans le même temps la capitalisation de Bitcoin approchait du billion de dollars (Note du traducteur : capitalisation actualisée ici), il pourrait devenir suffisamment liquide pour que certains (voire la plupart) des états décident d'entrer dans la danse. L'entrée du premier état sur le marché enclencherait probablement une course folle une fois que l'annonce officielle serait faite que des bitcoins auraient été achetés comme part des réserves monétaires. Les états qui seront les premiers à adopter Bitcoin verront certainement les plus grands bénéfices comptables dans le cas où Bitcoin accéderait au statut tant désiré de monnaie de réserve mondiale. Malheureusement, ce seront probablement les états aux exécutifs les plus fermes???des dictatures, comme la Corée du Nord (Note du traducteur : depuis le début de l'année 2018, l'Iran, la Russie, la Turquie et le Vénézuela ont notamment évoqué l'importance stratégique des cryptomonnaies)???qui voudront avancer le plus rapidement sur ce terrain et accumuler des bitcoins. Le refus de voir ces états améliorer sensiblement leur situation financière et la tendance au consensus mou des démocraties occidentales risquent de leur valoir d'être abandonnés sur le bas côté et de finir traînards, essayant tout de même d'accumuler des bitcoins pour leurs réserves mais au prix fort. Il y a une grande ironie à voir les USA (Note du traducteur : certains états, en tout cas) être actuellement une des nations les plus ouvertes à la régulation de Bitcoin, pendant que la Chine ou la Russie semblent plus hostiles (Note du traducteur : ces états n'avaient pas encore pris position à l'écriture de cet article). Les USA sont parmi ceux qui ont le plus à perdre géopolitiquement parlant si Bitcoin venait à supplanter le dollar comme monnaie de réserve mondiale. Dans les années 60, Charles de Gaulle critiquait ?l'exorbitant privilège? dont les USA jouissaient de l'ordre monétaire mondiale gravé dans le marbre par les Accords de Bretton Woods en 1944. Les gouvernements Russe et Chinois ne semblent pas encore s'être rendus compte des potentiels bénéfices géostratégiques de Bitcoin en tant que monnaie de réserve et sont actuellement plus préoccupés par les effets que le BTC pourrait avoir sur leurs marchés internes. Comme de Gaulle dans les années 60, qui menaça de rétablir l'or-étalon en réponse à ce ?privilège?, les Chinois et les Russes finiront sans doute par s'apercevoir des bénéfices à détenir une large partie de leurs réserves monétaires dans une réserve de valeur non souveraine. De leur côté, avec une assez large concentration du minage de Bitcoin ayant lieu en Chine, l'état Chinois a déjà un avantage particulier avec son potentiel à ajouter directement des bitcoins à ses réserves. Les USA se gargarisent d'être une nation d'innovateurs avec la Silicon Valley étant exhibée comme un bijou de l'économie américaine. Jusqu'ici, la Silicon Valley a largement dominé les débats entre régulateurs et législateurs divers sur la position qu'il convenait de prendre vis-à-vis de Bitcoin. Néanmoins, l'industrie bancaire et la Réserve Fédérale Américaine ont finalement eu leurs premiers soupçons concernant la potentielle menace existentielle que Bitcoin pourrait poser à la politique monétaire américaine s'il venait à devenir une réserve monétaire mondiale. Le Wall Street Journal, connu comme étant le porte-parole informel de la Réserve Fédérale, a publié un commentaire sur la menace que Bitcoin pose à la politique monétaire américaine : ?Il y a un autre danger, peut-être même plus sérieux du point de vue des banques centrales et des régulateurs : Bitcoin pourrait bien ne jamais plus s'effondrer. Si la ferveur spéculative à propos des cryptomonnaies est sûrement le précurseur à sa possible large utilisation comme une alternative au dollar, cette utilisation viendrait menacer le monopole des banques centrales sur la monnaie.? Dans les années à venir, une grande bataille va s'engager entre entrepreneurs et innovateurs de la Silicon Valley d'une part, lesquels vont essayer de conserver une certaine liberté vis-à-vis des états pour Bitcoin, et l'industrie bancaire et les banques centrales d'autre part, qui feront tout ce qui est en leur pouvoir pour réguler Bitcoin et tenter d'éviter que leur industrie et leurs pouvoirs d'émission de la monnaie ne soient disruptés. La transition vers un médium d'échange Un bien monétaire ne peut pas transitionner vers un médium d'échange globalement accepté (la définition standard d'une ?monnaie? en définitive) avant d'être très largement valorisé, pour la raison tautologique qu'un bien qui n'est pas valorisé ne sera pas accepté lors d'un échange. Durant le processus au cours duquel il deviendra largement valorisé, et de ce fait une réserve de valeur, un bien monétaire verra son pouvoir d'achat monter en flèche, créant un coût d'opportunité lors de sa cession s'il est utilisé comme un moyen d'échange. C'est seulement lorsque ce coût d'opportunité aura diminué jusqu'à un niveau assez bas qu'il pourra transitionner pour devenir un médium d'échange globalement acceptable et accepté. Plus précisément, un bien monétaire sera souhaitable comme un médium d'échange seulement lorsque la différence entre son coût d'opportunité et son coût transactionnel lors d'un échange donné aura chuté suffisamment sous le coût qu'il aurait fallu débourser pour compléter l'échange sans lui. Dans une société basée sur le troc, la transition d'une réserve de valeur vers un médium d'échange peut arriver lorsque le bien monétaire voit son pouvoir d'achat associé augmenter parce que les coûts transactionnels classique du commerce basé sur le troc sont extrêmement élevés. Dans une économie développée, où les coûts transactionnels sont bas, il est possible pour une réserve de valeur naissante et s'appréciant rapidement, comme Bitcoin, d'être utilisée comme un médium d'échange, quoique dans un cadre bien précis au départ. Un exemple nous en est donné par son usage sur le marché des stupéfiants où les acheteurs sont prêts à sacrifier l'opportunité de conserver leurs bitcoins pour minimiser les risques associés à l'achat de drogues en espèces. Il y a, malgré tout, des obstacles instutionnels majeurs à ce qu'une réserve de valeur naissante devienne un médium d'échange globalement accepté au sein d'une société développée. Les états peuvent utiliser la taxation comme un pouvoir énorme pour empêcher leur souveraineté économique d'être bousculée par des biens monétaires concurrents. Non seulement la monnaie souveraine d'un état profite d'un avantage majeur???entraînant une demande perpétuelle et continue???par le biais des taxes payables seulement en monnaie souveraine, mais de plus les biens monétaires concurrents sont taxés à chaque fois qu'ils sont échangés à un nouveau taux sur le marché. Ce dernier type de taxation créé une friction majeure pouvant perturber l'utilisation d'une réserve de valeur comme un moyen d'échange. Ce handicap de départ n'est pas nécessairement un obstacle insurmontable à leur adoption comme un médium d'échange global, malgré tout. Si la confiance en la monnaie nationale est perdue, sa valeur-même peut elle aussi s'effondrer au cours d'un processus appelé hyperinflation. Quand une monnaie souveraine subit une hyperinflation, sa valeur va d'abord chuter face aux bien les plus liquides de la société, comme l'or ou une monnaie étrangère comme le dollar américain, s'ils sont disponibles au sein du pays en question. Quand aucun bien liquide n'est véritablement disponible ou que son offre est très limitée, une monnaie en hyperinflation va s'effondrer contre les biens rééls que peuvent être l'immobilier ou même les matières premières. L'image que l'on peut facilement avoir en tête à propos de l'hyperinflation est celle d'un supermarché vide en pénurie, comme les clients tentent de fuir la chute vertigineuse de la valeur résiduelle de leur monnaie nationale. Éventuellement, quand toute confiance est perdue pendant une hyperinflation, une monnaie nationale peut ne plus être acceptée par personne, et la société peut se résoudre à revenir au troc ou à remplacer cette unité monétaire devenue défaillante par un nouveau médium d'échange. Un exemple de ce processus fut le remplacement du dollar zimbabwéen par le dollar américain. Le remplacement d'une monnaie souveraine par une monnaie étrangère est rendu difficile par la rareté habituelle de cette monnaie étrangère et l'absence d'institutions bancaires étrangères à même de fournir une véritable liquidité. La possibilité de facilement transmettre des bitcoins par delà les frontières et l'absence de la nécessité d'un système bancaire font de Bitcoin un bien monétaire idéal pour les populations qui souffrent d'une hyperinflation. Dans les années à venir, à mesure que les monnaies fiduciaires continueront à suivre leur tendance historique vers la dépréciation ultime, Bitcoin deviendra un choix populaire grandissant pour préserver ses économies. Quand une nation abandonnera sa monnaie et la remplacera par Bitcoin, il sera possible de considérer que Bitcoin aura bien transitionné vers un état de réserve de valeur en laquelle la société reconnaîtra un médium d'échange. Daniel Krawisz inventa le terme ?hyperbitcoinization? pour désigner ce processus. Fausses croyances, risques réels et conclusion Ayant revu ensemble les bases de ?l'évolution monétaire?, nous pouvons maintenant nous attaquer aux fausses croyances les plus communes concernant Bitcoin. Des craintes Bitcoin est une bulle Bitcoin, comme tout marché basé sur des biens monétaires, affiche une prime monétaire. Cette prime monétaire est ce qui alimente la critique la plus courante selon laquelle Bitcoin serait une ?bulle?. Cependant, tous les biens monétaires affichent en réalité une prime monétaire. En fait, c'est cette prime (l'excès entre le ratio prix lors de son utilisation/prix de la demande sur les exchanges) qui la caractéristique intrinsèque et fondamentale de toutes les monnaies. En d'autres termes, la monnaie est toujours et partout une bulle. Paradoxalement, un bien monétaire est à la fois une bulle tout en pouvant être sous-valorisé s'il est encore dans les phases débutantes de son adoption en tant que monnaie. Bitcoin est trop volatil La volatilité du prix de Bitcoin est liée à son caractère encore embryonnaire. Durant les toutes premières années de son existence, Bitcoin s'est comporté comme une action cotée en Bourse et n'importe quel acheteur massif???comme les Jumeaux Winklevoss???pouvait à lui seul causer de larges fluctuations du prix. A mesure que l'adoption et la liquidité s'amplifient au fil du temps, la volatilité de Bitcoin a diminué proportionnellement. Quand Bitcoin atteindra la même capitalisation que le marché de l'or, il affichera sans doute le même niveau de volatilité que ce dernier. Quand Bitcoin surpassera la capitalisation du marché de l'or, sa volatilité diminuera en dessous d'un niveau qui le rendra alors souhaitable et souhaité comme un médium d'échange global. Comme précisé précédemment, la monétisation de Bitcoin évolue selon une série de cycles de la hype de type Gartner. La volatilité est moins élevée pendant la phase de plateau du cycle de hype, tandis qu'elle est le plus élevée pendant les montées en flèche ou les phases de crash du cycle en question. Chaque cycle de hype aura une volatilité amoindrie comparativement aux précédents parce que la liquidité au sein du marché aura augmentée. Les frais de transaction sont trop élevés Une critique récente du réseau Bitcoin est liée à l'augmentation des frais nécessaires à la transmission de chaque transaction de bitcoins sur le réseau qui rendrait le système peu souhaitable. Toutefois, l'augmentation relative des frais est saine, et surtout attendue et prévisible. Ces frais de transaction sont le prix à payer pour rémunérer les mineurs de bitcoins qui sécurisent le réseau en validant les transactions. Les mineurs peuvent aussi bien être payés en bitcoins par les frais de transaction ou par des récompenses versées au meilleur mineur (ou groupe de mineurs, une pool) à chaque bloc miné (Note du traducteur : un bloc est miné approximativement toutes les dix minutes), une contribution financière inflationniste supportée par les propriétaires actuels de bitcoins. Selon l'échéancier monétaire fixé pour la distribution du nombre total de bitcoins qui seront minés???une politique monétaire qui le place idéalement dans la course au statut de réserve de valeur???, les récompenses versés à chaque bloc miné vont éventuellement décliner pour tomber à 0 et le réseau devra alors être sécurisé exclusivement par le versement de frais de transaction. Un réseau avec des frais ?bas? est un réseau avec une sécurité diminuée et qui sera sujet à une censure externe. Ceux qui vantent les différentes alternatives à Bitcoin sur la base de leurs faibles frais sont littéralement en train de décrire la faiblesse flagrante de leurs si bien nommés alt-coins, ou coins alternatifs. L?origine principale, mais spécieuse, des critiques de Bitcoin à propos des frais de transaction ?élevés? repose sur le postulat que Bitcoin devrait être d'abord un système de paiement, puis une réserve de valeur éventuelle plus tard. Comme nous l'avons vu à travers les origines de la monnaie, cette croyance met clairement la charrue avant les boeufs. Il ne pourra devenir souhaitable d'utiliser Bitcoin comme un médium d'échange qu'à la condition qu'il devienne auparavant une réserve de valeur solidement établie. En allant plus loin, une fois que le coût d'opportunité associé à l'échange de bitcoins sera descendu à un niveau qui le rendra approprié dans un rôle de médium d'échange, la plupart des tractations n'auront plus lieu directement sur le réseau Bitcoin lui-même mais sur des réseaux dits de ?seconde couche? (second-layer networks) avec des frais de transaction fortement diminués. Les réseaux surcouches, comme le Lightning Network, fournissent l'équivalent moderne des billets à ordre qui étaient utilisés pour les transferts de titres d'or au XIXe siècle. A la différence des billets à ordre néanmoins, le Lightning Network autorisera le transfert de bitcoins à bas coût sans avoir besoin de tiers de confiance, comme les banques. Le développement du Lightning Network est une innovation technique d'importance historique pour Bitcoin, dont la réelle plus-value apparaîtra comme une évidence une fois que son développement sera terminé et qu'il sera largement adopté dans les années à venir. Compétition Bitcoin étant un protocole logiciel open source, il a toujours été possible de le copier et d'imiter son réseau (en changeant ou non certaines de ses caractéristiques). Au fil des ans, pléthore d'imitateurs ont été créés, variant d'ersatz familiers, comme Litecoin, à des variantes complexes comme Ethereum lequel promet de mettre en place un système complexe d'arrangements contractuels mutuels et arbitraires au moyen d'un système computationnel distribué. Une critique commune de Bitcoin est qu'il ne pourra maintenir sa valeur dans un milieu où il est si facile de créer des concurrents supposément capable d'incorporer les dernières innovations et diverses nouvelles fonctions logicielles. Le caractère fallacieux de cet argument réside dans le fait que les challengers (passés et actuels) qui ont été créés manquent d'un ?effet de réseau? (network effect) associé à la technologie fondatrice et dominante dans cet espace particulier. Un effet de réseau???la valeur ajoutée d'utiliser Bitcoin simplement parce qu'il s'agit déjà du réseau dominant???est une caractéristique unique de et pour Bitcoin-même. Pour toute technologie possédant un effet de réseau, il s'agit de loin de la plus importante de ses caractéristiques. L'effet de réseau de Bitcoin inclue la liquidité de son marché, le nombre de personnes qui en possèdent, la communauté de développeurs qui le maintiennent et le font progresser à travers son logiciel et sa notoriété digne d'une marque. Les investisseurs majeurs, au nombre desquels nous compterons un jour les états-nations, chercheront le marché le plus liquide, ainsi ils pourront entrer et sortir du marché rapidement s'ils le souhaitent sans affecter ouvertement son prix. Les développeurs afflueront pour faire partie de la communauté dominante de développement avec le plus haut niveau de savoir-faire, renforçant par là-même la force de cette communauté. La notoriété de marque sera également auto-renforçatrice, comme le montre le fait que les concurrents de Bitcoin sont toujours comparés à ce dernier. Une bifurcation le long du chemin Une tendance populaire a émergé en 2017, qui n'était plus seulement d'imiter le logiciel de Bitcoin, mais de copier la totalité de son historique transactionnel (connu comme la blockchain). En copiant la blockchain de Bitcoin jusqu'à un certain point puis en splittant en un nouveau réseau, procédé nommé un ?fork?, les concurrents de Bitcoin étaient capable de régler le problème de la distribution la plus large possible de leur jeton numérique à une large base d'utilisateurs (Note du traducteur : lors d'un fork de Bitcoin, chaque propriétaire d'un solde quelconque de bitcoins au moment du fork est crédité du même montant en ?bitcoins? forkés sur la nouvelle chaine transactionnelle forkée). Fork-bitcoin-btc Le fork le plus significatif de ce genre a eu lieu le 1er Août 2017, quand un nouveau réseau nommé Bitcoin Cash (BCash) fut créé. Un propriétaire de N bitcoins avant le 1er Août 2017 se retrouvait donc propriétaire de ses N bitcoins ainsi que de N jetons BCash. La communauté réduite (mais bruyante) des thuriféraires de BCash ont par tous les moyens tenté d'usurper la marque Bitcoin, à la fois par le nom de leur réseau mais également par des campagnes propagandistes sur les réseaux sociaux visant préférentiellement les néophytes du marché pour les convaincre que BCash était le ?vrai? Bitcoin. Ces tentatives ont largement échoué, et cela se reflète de façon très crue à travers les capitalisations et les prix respectifs des deux crypto-actifs (lien actualisé ici). Malgré tout, pour les nouveaux investisseurs, il peut persister un risque potentiel qu'un clone de Bitcoin et de sa blockchain parvienne un jour à le surpasser en terme de capitalisation, et ainsi, devienne de facto LE Bitcoin. Une maxime importante peut être déduite des forks majeurs qui ont déjà eu lieu à la fois contre les réseaux originels Bitcoin et Ethereum. La majorité de la capitalisation s'établira sur le réseau qui conserve la communauté la plus active et la plus agile de développeurs. Même si pour le moment Bitcoin peut être perçu comme une monnaie naissante, il s'agit également d'un réseau numérique bâti sur un logiciel qui a besoin d'être maintenu et amélioré. Acheter des jetons numériques sur un réseau qui ne peut fournir qu'un support minimal ou par des développeurs inexpérimentés serait l'équivalent d'acheter un clone de Microsoft Windows qui ne serait pas mis à jour par les meilleurs développeurs de Microsoft. Il apparaît comme une évidence à travers l'histoire des forks qui ont eu lieu durant l'année écoulée que les meilleurs et les plus expérimentés des cryptographers et autres informaticiens sont actuellement occupés à développer sur le réseau Bitcoin original, et par conséquent sur aucun des autres imitateurs qui ont été et sont en train d'être déversés sur le marché. Risques réels Même si les critiques les plus communes que l'on retrouve contre Bitcoin dans les médias et certains milieux d'économistes sont mal placées voire basées sur une compréhension incomplète de cette monnaie et de ses mécanismes, il ne faut pas nier qu'il existe des risques réels et significatifs à investir dans Bitcoin. Il serait prudent pour un investisseur potentiel qui réfléchirait à se lancer dans Bitcoin de comprendre et de mesurer ces risques avant de se lancer à corps perdu dans un investissement dans Bitcoin. Risques liés au protocole Le protocole Bitcoin et les bases cryptographiques sous-jacentes sur lesquelles il est fondé pourraient bien un jour se révéler plus fragiles qu'ils le ne le paraissent aujourd'hui, par exemple par la découverte d'une erreur fondamentale, ou bien finalement à portée d'évolutions technologiques comme l'informatique quantique qui pourraient le fragiliser. Si une faille était trouvée dans le protocole-même, ou si certaines nouvelles méthodes computationnelles rendaient possible de casser les sécurités cryptographiques qui sous-tendent Bitcoin, la confiance dans Bitcoin serait à juste titre sévèrement compromise. A priori, le risque attaché au protocole était largement plus élevé dans les premières années de développement de Bitcoin, quand il était encore incertain, même pour les cryptographes les plus férus, que Nakamoto ait réellement réussi à solutionner le Problème des Généraux Byzontins. Les inquiétudes à propos de sérieuses failles au sein du protocole Bitcoin-même se sont globalement dissipées au fil des années, mais étant donné le caractère technologique du BTC, ce risque ne disparaîtra réellement jamais, même s'il revêt maintenant plus le rôle de potentielle aberration. Fermeture d'exchanges Etant décentralisé structurellement, Bitcoin a démontré un degré remarquable de résilience face au nombre important de gouvernements qui ont déjà tenté de le réguler sévèrement ou même de l'abattre. Malgré tout, les exchanges où les bitcoins sont échangés contre des monnaies fiduciaires sont hautement centralisés et sont susceptibles d'être eux-mêmes régulés, voire fermés. Sans ces exchanges et la propension du système bancaire à faire affaire avec eux, le processus de monétarisation de Bitcoin serait sévèrement ralenti, si ce n'est totalement stoppé. Même s'il y a des alternatives pour apporter de la liquidé à Bitcoin, comme des réseaux de courtiers indépendants ou bien des exchanges décentralisés (Note du traducteur : DEX, pour Decentralized EXchange, exchanges fonctionnant en peer-to-peer) comme par exemple localbitcoins.com, la processus critique de découverte du prix arrive le plus souvent sur des échanges centralisés bien plus liquides. Réduire ce risque dépend du versant juridique. Binance, un des plus importants exchanges mondiaux, avait été fondé en Chine, avant de s'expatrier au Japon après la censure gouvernementale chinoise (Note du traducteur : le Premier Ministre Maltais avait à l'époque de la traduction tout juste annoncé officiellement la prochaine domiciliation maltaise de Binance après des déboires avec les autorités japonaises). Les gouvernements nationaux sont également inquiets de potentiellement laisser filer une opportunité, sur un secteur qui pourrait devenir conséquent sur Internet, concédant ainsi un avantage compétitif capital aux autres nations. A priori, le processus de monétarisation de Bitcoin ne pourrait stoppé que par un effort coordonné mondial de fermeture administrative ou juridique de la totalité des exchanges de Bitcoin. Le coup d'envoi a été donné pour une adoption si massive de Bitcoin que des fermetures si massives d'exchanges puisse devenir rapidement impensables politiquement, bientôt du même niveau de faisabilité que d'envisager une action concertée des gouvernements mondiaux pour provoquer la coupure d'Internet. Néanmoins, une telle possibilité reste encore réelle, et il convient d'en tenir compte avant d'investir dans Bitcoin. Comme nous en avons discuté dans une section précédente à propos de l'entrée sur le marché des états nations, les gouvernements nationaux commencent à se rendre compte du danger potentiel que pourrait poser une monnaie numérique, non souveraine, résistante à la censure, à leurs politiques monétaires. La question reste ouverte à propos de la façon dont les états nations agiront pour contrer cette menace que pourrait devenir Bitcoin, au point potentiel où leurs actions politiques pour l'arrêter finiraient par se montrer de toute façon inutiles et inefficaces. Fongibilité La nature ouverte, transparente et open source de la blockchain Bitcoin rend possible pour les états de marquer certains bitcoins comme ?infectés? par leur utilisation dans de précédentes activités illicites. Même si la relative immunité à la censure présentée auparavant rendra de toute façon possible la transmission identique de tels bitcoins sur le réseau Bitcoin, les régulateurs et législateurs pourraient vouloir bannir l'utilisation de tels bictoins vérolés sur des exchanges ou auprès de commerçants, ce qui les rendrait largement inutiles. Bitcoin perdrai alors une propriété monétaire critique : la fongibilité. Pour améliorer cette fongibilité, des améliorations devront être faites au niveau du protocole pour améliorer la confidentialité des transactions. Même si de nouveaux développements sont à l'ordre du jour (Note du traducteur : pour ne citer qu'elles, implantation prochaine des Confidentials Transactions/Bulletproofs), pour le moment, les cryptomonnaies pionnières comme Monero ou Zcash tiennent le haut du pavé. Il y a encore des améliorations technologiques majeures à apporter à Bitcoin, notamment concernant sa confidentialité. La question reste donc ouverte concernant la manière dont ces améliorations seront ajoutées à Bitcoin de manière à ne pas compromettre son utilité monétaire dans certaines autres utilisations. Conclusion Bitcoin est une monnaie embryonnaire qui est en train de transitionner depuis un état de collectionnable dans sa monétarisation pour devenir une réserve de valeur. En tant que bien monétaire non souverain (ou apatride), il est possible qu'à un certain moment dans le futur, Bitcoin devienne la nouvelle monnaie mondiale globale, à la manière dont l'or devint l'or-étalon pendant le XIXe siècle. L'adoption de Bitcoin en tant que monnaie globale est précisément le scénario optimiste pour Bitcoin dont nous parlons depuis le départ, et il peut être illustré par un échange de mail entre Satoshi Nakamoto et Mike Hearn qui eut lieu en 2010 : ?Si vous l'imaginez comme étant utilisé même seulement pour une fraction du commerce mondiale, alors qu'il n'y aura jamais que 21 millions de jetons pour le monde entier, alors chaque unité aura énormément de valeur.? Cette possibilité avait déjà été encore plus franchement évoquée par le brillant cryptographe Hal Finney, le récipiendaire des premiers bitcoins qu'envoya Nakamoto, peu de temps après l'annonce officielle de la mise en ligne du premier logiciel Bitcoin fonctionnel : ?Imaginez si Bitcoin réussit et devient le mode de paiement dominant utilisé dans le monde. Alors la valeur totale de cette monnaie devrait être égale à la valeur totale de la richesse détenue dans le monde. Les estimations actuelles à propos de cette seule richesse mondiale des ménages que j'ai trouvées tournent entre 100 à 300 milliards de dollars. Avec 20 millions de jetons, cela donnerait une valeur estimée pour chaque bitcoin de 10 millions de dollars.? Même si Bitcoin ne devenait pas une monnaie globale mondiale et devait se limiter à seulement concurrencer l'or en tant que réserve de valeur monétaire non souveraine, il serait alors aujourd'hui lourdement sous-valorisé. En mettant à la même échelle la capitalisation actuelle de l'or encore disponible avec celle du nombre maximum de bitcoins disponible (21 millions), on arrive encore à une valeur de 380000$ par bitcoin. Comme nous l'avons vu dans les sections précédentes, en se basant sur les attributs qui font d'un bien monétaire une réserve de valeur appropriée, Bitcoin surpasse l'or sur presque chaque critère à l'exception de l'historique établi. A mesure que le temps passe et que l'effet Lindy prend racine, l'historique établi ne sera bientôt plus un avantage compétitif en faveur de l'or. Par conséquent, il n'est pas déraisonnable de s'attendre à voir Bitcoin approcher, voire surpasser, la capitalisation du marché de l'or pendant la prochaine décennie. La nuance majeure à cette thèse est qu'une large fraction de la capitalisation de l'or provient des banques centrales qui le détiennent en tant que réserve de valeur. Pour que Bitcoin égale ou surpasse la capitalisation de l'or, la participation d'au moins certains états nations s'avèrera nécessaire. Il est encore incertain que les démocraties occidentales entrent dans cette danse endiablée. Il paraît plus probable pour le moment que les dictatures et les exécutifs stricts soient les premières nations à entrer sur le marché de Bitcoin. Si aucun état-nation ne participe au marché de Bitcoin, il pourrait tout de même demeurer une hypothèse optimiste pour Bitcoin. En tant que réserve de valeur utilisée seulement par les investisseurs particuliers et quelques institutionnels, Bitcoin en serait toujours relativement tôt dans sa courbe d'adoption???la bien-nommée ?majorité précoce? (early majority) commencerait donc tout juste à entrer sur le marché pendant que la majorité tardive (late majority) et les ?trainards? (laggards) mettront encore des années avant de se décider à entrer. La participation encore plus massive d'investisseurs particuliers mais surtout institutionnels est donc un enjeu, mais aussi et surtout un objectif tout à fait atteignable. Détenir des bitcoins est un de ces quelques paris asymétriques auquel les gens à travers le monde entier peuvent décider de participer. Il s'apparente beaucoup à une option en Bourse, le revers de l'investisseur est limité à une perte de x1 (la potentielle totalité de la mise initiale donc) avec un potentiel gain de peut-être 100x ou même plus. Bitcoin est la première vraie bulle mondiale globale dont la taille et l'étendue ne sont limités que par le souhait des citoyens du monde de protéger leurs avoirs et économies des caprices induits par les incuries financières des gouvernements mondiaux. Effectivement, Bitcoin a surgi des abîmes de la catastrophe financière mondiale de 2008???un désastre qui fut précipité par les politiques des banques centrales, au nombre desquelles on compta la Réserve Fédérale. Au delà du cas particulier de Bitcoin, l'avènement d'une réserve de valeur non souveraine aura de profondes conséquences géopolitiques. Une réserve monétaire globale et non inflationniste forcera les états-nations à modifier leurs modes de financement par l'inflation comme mécanisme de taxation directe, mécanisme bien moins acceptable politiquement le temps passant. Les états rétréciront (au niveau de leurs prérogatives) avec la difficulté politique induite par la disruption fondamentale d'une recherche de mode de financement différente de la seule taxation. En outre, le commerce mondial s'organisera d'une manière qui aurait satisfait l'aspiration de Charles de Gaulle à l'absence de favoritisme d'une nation par rapport aux autres : ?Nous considérons nécessaire que le commerce international soit organisé, comme c'était auparavant le cas, avant les grandes désillusions de ce Monde, sur une base monétaire indiscutable, et qui ne porte la marque d'aucun pays en particulier.? D'ici 50 ans, la base monétaire unique sera Bitcoin....

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