Montagnes

Cerro Aconcagua

Cerro Aconcagua (6962 m)

Voie: Normale

Posté le mardi 20 février 2018 à 16:26:55

Massif: Cordillère centrale des Andes (Argentine )

Activité: Alpinisme

Difficulté: Peu difficile

Altitude: 6962 m

Dénivelé positif: 1450 m

Horaire: 10 h

Description: J'en rêvais depuis des années, et l'occasion était trop belle avec cette tournée de l'IGS-SAO (voir rubrique voyages) qui tournait autour de l'Aconcagua pendant quinze jours, entre Mendoza, Santiago du Chili, La Serena, Agua Negras et San Juan. L'occasion de se familiariser avec les Andes, de tâter le terrain, et de s'acclimater avant le grand saut vers le géant des Andes. Il y avait plusieurs voies possibles pour gagner le sommet, mais compte tenu de l'agenda serré, il ne restait que la voie normale, ouverte en 1897 par le suisse Matthias Zürbriggen. De la caillasse lit-on dans tous les ouvrages dédiés au sujet, et dans les blogs. Et bien pour moi, ce fut une course presque glaciaire, avec de la neige débutant à 5000 m d'altitude, et beaucoup de poudre (40 cm parfois) jusqu'au sommet. Avec des vents forts et un froid polaire (ressenti annoncé de -34°C ce jour-là), le sol était gelé, et de nombreuses plaques de glace ont nécessité l'usage des crampons depuis Nido des Conderes, à 5600 m ! Pas besoin de piolets cependant, même dans la Canaleta, qui a vu tant d'ambitions s'arrêter là... Le dernier couloir est long, mais la pente n'est jamais assez soutenue pour avoir le vertige. A l'approche du sommet, l'horizon se dégage sur le versant Sud et sa face englacée majestueuse. En franchissant les derniers mètres on ne peut s'empêcher de penser à l'expédition française de 1953. Il fallait de l'audace, mais les ascensionnistes en ont payé le prix fort avec de nombreuses amputations... Car dans les Andes, il peut faire extrêmement froid, lorsque l'air du Pacifique souffle en rafales sur les cimes. Même les avions de ligne redoublent de précaution en atterrissant à Santiago ! L'Aconcagua est une immense montagne, que l'on peut admirer facilement d'avion entre Mendoza et Santiago (bien choisir le côté de son siège), trônant entre le Mercedario plus au Nord et le Tupungato au Sud, toutes deux hautes de plus de 6700 m chacune. L'étroitesse de la cordillère (environ 200 km max à cette latitude) renforce le sentiment de puissance des éléments.

Le déroulé de l'ascension est le suivant (cliquez ici pour visualiser celle-ci en 3-D avec Google Earth®):

2 février: Bus de 10h15 partant de la gare routière de Mendoza (compagnie Buttini), et dépose à 14h30 à l'arrêt Aconcagua (2800 m d'altitude), devant le bâtiment d'entrée du parc où l'on doit faire valider son permis (à retirer préalablement à Mendoza uniquement, voir fichier avec détails pratiques). Début de l'ascension à 15h pour rejoindre le camp Confluencia à 3400 m d'altitude vers 17h30. Sac de 20 kg environ (pas d'utilisation des mules pour le portage). Validation du permis par les gardes.

3 février: Après la visite médicale du matin, départ pour Plaza des Mulas à 4400 m qui est atteint après 7h15 de marche dans un immense vallon de caillasse longe de 24 kilomètres... Gare au soleil ! Validation du permis par les gardes.

4 février: Montée à Nido de Conderes (5600 m) en longeant le camp Canada (5080 m) perché près de beaux rochers (très sec, peu d'eau et peu de place pour des tentes), installation de la tente et du matériel nécessaire à l'ascension. Retour à Plaza de Mulas, et visite médicale. 4h40 de montée avec un sac de 8 kg, et 1h50 de descente par de bons pierriers.

5 février: Repos. Sieste, farniente au camp, et coup de chance, orages toute la journée. Beaucoup de neige et de grêle, très électrique. Un vrai son et lumière !

6 février: Remontée à Nido de Conderes en 4h (la forme) avec sac de 8 kg contenant le reste du matériel nécessaire. Pas de duvet, la doudoune suffit, ainsi que le Gore-Tex et le sac pour se protéger du froid intense. Je dors tout habillé. Fin d'après-midi à boire des soupes et manger deux lyophilisés. Beaucoup de neige tombée la veille. Vent très fort. Mon équipement suffit pour ne pas souffrir du froid, mais il faut remuer les orteils dans les chaussures pour s'assurer qu'ils ne gèlent pas.

7 février: Les éléments se calment dans la nuit, et à une heure quinze, le réveil sonne. Départ deux heures du matin, les jambes un peu lourdes, vers le refuge Berlin (5900 m). Je croise du monde qui campait là-haut. Avec un couple de jeunes français, on se suit (ou se précède), c'est sympa ! Il fait très froid. Le souffle est court. Refuge Independencia (6300 m), puis la grande pente (Grand Acarreo) amenant à la Canaleta (6700 m). C'est long, interminable, mais aucune difficulté. Le vent souffle très fort, et la neige rend la progression pénible, mais en prenant son mal en patience, on approche du sommet en suivant la rive gauche au plus près. Il est atteint entre midi et treize heures, avec le portable en panne, la batterie morte par le froid... Retour par le même chemin, avec la fatigue en plus. Vers Piedra Negras vers le refuge Independencia, je me trompe de chemin, et m'embarque dans le mauvais vallon. Il faudra plus de deux heures pour retrouver le grand Acarreo, et descendre droit vers la tente, en zigzaguant entre les barres rocheuses. Vers 18h, dodo dans la tente, alors que le vent redouble de force. Pas d'appétit, mais aucun signe inquiétant lié à l'altitude, mon acclimation a donc très bien fonctionné.

8 février: A 5h du matin, la tente se déchire sous les coups de butoir du vent. Je plie bagage en vitesse et donc crampons aux pieds, tellement tout est gelé et je file vers Plaza des Mulas. Repos toute la journée le temps de se réhydrater car c'est cela qui m'a manqué le plus lors de l'ascension, à cause du vent. Sortir le thermos était un supplice...

9 février: Descente le matin vers 9h vers l'entrée du parc après avoir fait pointer son permis une fois de plus. 1600 m de dénivelé à la descente et 34 kilomètres avalés en 7h30, le temps d'attraper le bus de retour sur Mendoza en lui faisant signe sur le bord de la route. Epuisé, car le vent de face permanent dessèche la peau. Bien faire viser son permis pour sortir du parc ! 21h arrivée à Mendoza, 22h30, un bon verre de Malbec pour fêter l'ascension, une joie intime, mais la fatigue est encore trop grande pour en profiter pleinement.

10 février: Balade à Mendoza. La météo annonce des vents de plus de 100 km/h là-haut depuis le 7 février. Impossible d'aller au sommet en raison du froid ressenti. Il fait bon d'être au chaud à Mendoza en plein été (34°C) ! La chance a été avec moi, car la fenêtre météo a été étroite, mais l'acclimatation m'a aidé à être prêt au bon moment.

Cliquez ici pour visualiser une vidéo prise par un drone (mode FPV), qui part de la base et atteint le sommet.

Cliquez ici pour télécharger le fichier rassemblant les détails pratiques qui peuvent être utiles.

Cliquez ici pour télécharger la carte 1/50000ème géoréférencée au format *.prc de PathAway® pour GPS (iPhone® ou Android®)

Pour connaitre la météo à cinq jours au sommet de l'Aconcagua, cliquez ici.

Pour voir en temps réel l'Aconcagua, cliquez ici.

Précautions: Cette course, bien que techniquement facile, est de la très haute montagne. Froids et vents extrêmes en plus du mal des montagnes lié à la très haute altitude peuvent rendre celle-ci très dangereuse. Une bonne acclimatation est obligatoire (environ dix jours à monter et descendre entre 3500 et 5200 m, avec des dénivelés de 1000/1200 m environ). D'ailleurs les autorités du parc de l'Aconcagua prennent toutes les précautions pour éviter les problèmes avec des examens médicaux obligatoires aux camps Confluencia et Plaza des Mulas, et aux mêmes camps, il faut pointer à l'entrée et à la sortie ! Des recherches gratuites sont effectuées par les gardes en cas de problème, mais uniquement si les visites médicales ont été effectuées. Prendre du matériel léger si l'on est en autonomie complète. Service de mules possibles pour amener le matériel à Plaza de Mulas. C'est cher mais pratique. A prévoir à Mendoza en même temps que l'achat du permis d'ascension. A noter que l'emploi d'une société de service (mules, tentes, repas) permet d'abaisser substantiellement le prix du permis.

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